L'accord entre l'Union Européenne et le Mercosur a récemment défrayé
la chronique, notamment en raison de la vive opposition de la France.
Ce traité, également connu sous le nom d'accord de libre-échange UE-
Mercosur, est un accord commercial historique entre les deux blocs
économiques. Pour mémoire, le Mercosur est un marché commun
composé de lArgentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay.
Cet accord commercial vise à faciliter les échanges de biens, de services
et d'investissements entre l'UE et le Mercosur en réduisant les droits de
douane et en éliminant les obstacles non tarifaires au commerce. Les
deux blocs se sont engagés à ouvrir leurs marchés respectifs et à
promouvoir un commerce plus juste et équitable.
L’accord représente un potentiel de marché énorme pour les entreprises
des deux côtés de l’Atlantique, avec un accès à plus de 780 millions de
consommateurs. Il devrait également permettre d'augmenter les
exportations, de stimuler la croissance économique et de créer de
nouveaux emplois. Ou du moins, c’est la théorie.
Il a été cependant l'objet de controverses en raison de préoccupations
environnementales et sociales. Certains craignent que l'augmentation des
échanges commerciaux ne conduise à une augmentation de la
déforestation en Amazonie et à une exploitation accrue des ressources
naturelles. D'autres s'inquiètent des répercussions sur les agriculteurs et
les travailleurs des deux blocs, craignant une concurrence déloyale et des
effets négatifs sur les normes sociales et environnementales. La France
s’oppose à la ratification du traité, mais elle n’est pas la seule. S’y
opposent également la Pologne, l’Italie, les Pays-Bas (sujets à une quasi
révolte du monde agricole il y a peu de temps) et l’Autriche. Cette
opposition grandissante au traité avec le Mercosur au sein de la
communauté européenne suggère que la minorité de blocage au conseil
européen pourrait potentiellement être atteinte, ce qui aboutirait à un
rejet de la ratification, la Belgique, Chypre et la Grèce ayant également
fait part de leurs inquiétudes.
En revanche, les pays suivants y sont très favorables : l’Allemagne ( en
perte de vitesse, elle lorgne le marché automobile Sud-Américain) et
l’Espagne (liens traditionnels avec l’Amérique latine). Le débat fait rage
aux Pays-Bas et en Italie qui pourraient peut-être changer de camp.
Mais que dit le traité ?
Il a pour objectif :
d'encourager et accroître les relations commerciales entre les deux
marchés en abaissant les barrières tarifaires et non tarifaires ;
de promouvoir la coopération et un dialogue politique entre les deux
alliances sur des questions de migration, d'économie digitale, de
recherche, d'éducation, de droits humanitaires, de protection de
l'environnement ou encore de cybercriminalité ;
d’ouvrir aux entreprises européennes les marchés publics des pays du
Mercosur.
Concrètement, son but est de permettre aux entreprises françaises et
européennes d’exporter davantage de produits industriels (industrie
automobile, chimie, secteur pharmaceutique, textile) et de services, et
aux producteurs du Mercosur d’exporter plus de produits alimentaires et
agricoles vers l'UE. Il est pour cette raison souvent présenté comme un
accord "viandes contre voitures".
D’où les inquiétudes des producteurs agricoles européens.
Dominique Lemoine
Conseiller des Français de l’Etranger
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