Le Rapport sur le Marché du Travail Européen
- dlemoine1cl
- 23 sept.
- 4 min de lecture
Nous vous souhaitons à tous une bonne rentrée et nous espérons que les
vacances ont été réparatrices.
Cependant, rentrée difficile en France en proie à ses difficultés
budgétaires. La France n’est pas la seule dans ce cas dans l’Union
Européenne, même si elle est pour l’instant la plus « mauvaise élève ».
L’un des problèmes rencontrés par le financement des divers systèmes
sociaux européens et qu’il n’y a pas assez de population active au
travail.
Un récent rapport sur l'emploi de l'Union Européenne souligne que 51
millions de personnes en âge de travailler ne sont pas sur le marché du
travail de l'Union Européenne. Le rapport souligne la nécessité de
politique plus inclusives pour intégrer les femmes, les travailleurs âgés,
les migrants et les personnes handicapées afin de remédier aux pénuries
de main-d'œuvre.
Ce rapport s’intitule Employment and social developments in Europe
2025 — Unlocking the potential of people: promoting higher
employment in the EU.
Il est publié par la Direction générale pour l’emploi, les affaires sociales
et l’inclusion de la Commission Européenne.
1. Les principales conclusions du rapport:
51 millions de personnes en âge de travailler (20-64 ans) sont en dehors
du marché du travail dans l’Union européenne.
Ces personnes se répartissent majoritairement parmi plusieurs groupes
sous-représentés:
. les femmes,
. les personnes âgées (en particulier les 55-64 ans),
. les migrants,
. les personnes en situation de handicap.
Les raisons principales pour lesquelles ces groupes sont moins actifs sur
le marché du travail incluent:
. responsabilités de soins (parents âgés, petits enfants, etc.), manque
d’accès aux services de garde d’enfants pour les femmes,
. règles de retraite rigides, santé, manque de flexibilité au travail pour
les personnes plus âgées,
. obstacles pour les migrants: barrières linguistiques, non-
reconnaissance des qualifications, démarches administratives,
discrimination,
. pour les personnes handicapées : stéréotypes, difficultés
d’accessibilité, manque de mesures de soutien.
Le rapport souligne qu’augmenter la participation de ces groupes
pourrait aider à atténuer les pénuries de main-d’œuvre que connaît
l’Union Européenne, et aussi à atteindre les objectifs fixés pour 2030
(emplois, réduction de la pauvreté, financement des plans sociaux, etc.).
2. Quelques chiffres additionnels :
En 2024, le taux d’emploi global dans l’Union Européenne était de 75,8
%, en hausse.
Le taux de chômage était tombé à 5,9 %, un niveau historiquement bas.
3. Pourquoi ce rapport a-t-il été commandité, et dans quel contexte ?
Le rapport s’inscrit dans un contexte et des objectifs politiques précis :
3.1 Pénuries de compétences et de main-d’œuvre :
De nombreux secteurs en Union Européenne font face à des pénuries de
main-d’œuvre (soins de santé, technologie, etc.), ce qui risque de freiner
la croissance, la transition numérique et verte.
Le vieillissement démographique joue aussi : de plus en plus de
travailleurs partent à la retraite, moins de jeunes entrent sur le marché du
travail. Moins d’actifs financent plus de retraités ce qui impacte
fortement l’équilibre financier des plans sociaux.
3.2 Objectifs de l’Union Européenne pour 2030:
Le rapport rappelle que l’Union Européenne a fixé des cibles: 78 % de la
population âgée de 20 à 64 ans doit être employée d’ici 2030.
Réduction de la pauvreté, inclusion sociale, cohésion. Inclure les
personnes actuellement exclues est aussi crucial dans cette stratégie.
4. Politique existantes et initiatives en cours:
Le rapport complète ou s’appuie sur plusieurs initiatives déjà en place ou
adoptées récemment :
. l’Action Plan on labour and skills shortages (Plan d’action sur les
pénuries de main-d’œuvre et de compétences).,
. la European Year of Skills (année européenne des compétences),
. le Pact for Skills (pacte pour les compétences).
5. Recommandations du Conseil de l’Union Européenne pour
combattre les pénuries et intégrer les groupes sous-représentés :
5.1 Nécessité d'approche plus inclusive :
Le rapport montre que beaucoup d’obstacles sont structurels ou liés à
des politiques publiques (impôts, protections sociales, reconnaissance
des diplômes, infrastructures de garde d’enfants, etc.). Pour remédier
durablement aux pénuries, il ne suffit pas de stimuler la demande de
main d’œuvre, il faut aussi stimuler l’offre en incluant ceux qui ne
peuvent pas actuellement participer pleinement.
Il y a aussi une dimension de justice sociale : intégration, égalité des
chances, réduction des inégalités.
6. Les principales recommandations politiques du rapport
Employment and Social Developments in Europe 2025 (ESDE):
. favoriser la participation des femmes,
. développer l’accès aux services de garde d’enfants abordables et de
qualité,
. réformer les systèmes fiscaux et de prestations sociales qui découragent
parfois le travail des femmes (par exemple. quand un second revenu est
pénalisé),
. promouvoir un partage équilibré des responsabilités familiales (congés
parentaux mieux rémunérés, partagés entre parents),
. allonger la vie active des travailleurs âgés,
. introduire plus de flexibilité dans les transitions vers la retraite
(possibilité de travail à temps partiel avec pension partielle),
. améliorer l’accès à la formation continue pour les 55 ans et plus,
. adapter les conditions de travail pour la santé et la sécurité (ergonomie,
prévention santé),
. mieux intégrer les migrants,
. accélérer la reconnaissance des diplômes et qualifications obtenus à
l’étranger,
. développer des formations linguistiques adaptées au marché du travail,
. simplifier les démarches administratives pour l’accès au travail et
réduire la discrimination à l’embauche,
. accroître la participation des personnes handicapées,
. renforcer les mesures d’accessibilité (lieux de travail, transports, outils
numériques),
. développer des incitations pour les employeurs à recruter et adapter les
postes,
. promouvoir le télétravail et les formes de travail flexibles,
. investir dans les compétences et la formation,
. généraliser le “droit à la formation” tout au long de la vie,
. développer des formations courtes et ciblées pour répondre aux
pénuries de main-d’œuvre dans les secteurs critiques (santé, numérique,
transition verte).
7. Exemples de bonnes pratiques :
. France: développement des crèches d’entreprise et crédit d’impôt pour
garde d’enfant → améliore la participation féminine,
. Pays-Bas : retraite flexible et possibilité de cumuler emploi et pension
partielle,
. Allemagne : programmes de reconnaissance rapide des diplômes
étrangers (“Anerkennungsgesetz”),
. Suède: politiques actives pour l’emploi des personnes handicapées
(subventions salariales, adaptation des postes),
. Finlande: forte offre de formation continue pour adultes, y compris
pour les plus âgés,
Le rapport conclut que sans mobilisation de ces 51 millions de personnes
en âge de travailler mais inactives, l’Union Européenne n’atteindra pas
ses objectifs 2030 (78 % de taux d’emploi). Mais il insiste aussi que ces
mesures relèvent autant de l’inclusion sociale que de la compétitivité
économique.
Dominique Lemoine
Conseiller des Français de l’Etranger

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